Reconstruire le patrimoine bâti avec le bois
[Débat] François AUGER (architecte du patrimoine et charpentier) et Yukiko ŌSHIMA (architecte et chercheure, EHESS)
18h-20h auditorium avec traduction simultanée
La deuxième séance du cycle de conférences-débat international « La reconstruction du patrimoine bâti » sera dédiée à l’usage du bois dans les projets de reconstruction patrimoniale en France et au Japon. Si le bois est davantage associé au patrimoine japonais que français, le chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris a mis en lumière les multiples enjeux (environnementaux, techniques, économiques…) inhérents à ce matériau dans l’hexagone. Les débats qui ont animé la sphère publique au lendemain de l’incendie concernaient aussi bien les questions liées à l’approvisionnement du chêne dans les forêts françaises, que les techniques dites « traditionnelles » nécessaires à la reproduction de la charpente de Notre-Dame, la fameuse « forêt » et sa flèche conçue par Viollet-Le-Duc. En particulier, le travail des compagnons-charpentiers a fait l’objet d’une valorisation importante dans les médias.
François Auger, architecte du patrimoine et charpentier, a travaillé sur le chantier de reconstruction de la charpente de Notre-Dame et nous présentera en particulier la manière dont l’authenticité y a été abordée. Ce chantier sera mis en parallèle avec le travail des charpentiers japonais, notamment à travers l’exemple de la reconstruction périodique du sanctuaire d’Ise. Ōshima Yukiko, architecte et chercheuse, nous présentera les particularités de cette reconstruction cyclique souvent fantasmée. Loin des mythes et des clichés, elle abordera également la relation entre les artisans et les forêts nippones, de la situation du travail du bois et des charpentiers dans le Japon contemporain.
François Auger, « Reconstruction à l’identique : l’expérience des charpentes de Notre-Dame de Paris »
François Auger est issu d’une famille d’artisan charpentier couvreur depuis plusieurs générations. A 16 ans, il débute un apprentissage en charpente bois, à l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir. Il y part fait son Tour de France, pour être reçu Compagnon Charpentier du Devoir en 1985. Après quelques collaborations sur des chantiers d’exceptions (en France et à l’étranger), il s’installe en Guyane comme artisan charpentier en 1990. Il obtient en 2004 le titre « d’un des Meilleurs Ouvriers de France ». En 2009 il revient à Paris pour entamer à 46 ans des études d’architecture. Puis il obtient en 2015 le titre d’Architecte du Patrimoine diplômé de l’École de Chaillot. Il s’établit alors comme architecte libéral à Paris. Il est également engagé dans plusieurs associations qui promotionnent la formation et l’excellence dans les métiers de l’artisanat, l’architecture, le patrimoine, et l’environnement.
Avec sa spécialisation d’Architecte du Patrimoine et son expérience dans la construction bois, il est sensible aux projets qui associent Architecture, Patrimoine, et Développement durable. Il a travaillé récemment comme conseiller technique charpente, au sein de l’équipe de la maitrise d’œuvre qui avait en charge la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Yukiko Ōshima, « Reconstruire en bois au Japon : le sanctuaire d’Ise et les charpentiers japonais »
Yukiko OSHIMA est chercheur associée au Centre de recherches sur le Japon de l’École des Hautes Études en Sciences Sociale. Après avoir obtenu sa licence en environnement forestier à la faculté d’agriculture de l’université de Tokyo (1998) et son master à l’École Spéciale d’Architecture (2007), elle a travaillé dans des cabinets d’architectes à Tokyo, puis elle a démarré sa thèse et obtenu son doctorat à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (2024). À partir d’entretiens réalisés dans les milieux professionnels français et japonais impliqués dans la construction en bois, elle a étudié la place du bois dans l’architecture, telle qu’elle est pratiquée dans la société contemporaine, y compris l’architecture traditionnelle, à travers une approche comparative des deux pays. En se basant sur cette thèse, une série d’articles intitulée « Le bois dans l’architecture au Japon et en France : discours, pratiques et projets » est en cours de publication depuis décembre 2024 dans la revue Kenchiku Journal.
Modératrice : Delphine VOMSCHEID (IFRJ-MFJ)
Organisation : IFRJ-MFJ
Coopération : Département d’architecture de l’université de Tokyo
Soutien : Service pour la science et la technologie de l’ambassade de France au Japon, CNRS, Crédit agricole – CIB Japan, GIS Asie, Fondation de France