Paris au XXIᵉ siècle. Écrire les géographies de la capitale française
[Conférence] Martine DROZDZ (CNRS, Maison française d’Oxford), Elsa MARTAYAN (urbaniste retraitée)
18h-20h salle 601 en français avec traduction consécutive en japonais
Paris ne cesse d’être réinventée. Capitale du XIXe siècle selon Walter Benjamin, la Ville Lumière semble connaître un renouveau urbain depuis peu : ambitions du Grand Paris lancé au tournant des années 2010, Jeux olympiques et paralympiques, grands chantiers comme celui des Halles, retour des tours aux portes de la ville, jusqu’à la charpente de Notre-Dame de Paris refaite à neuf sur les cendres médiévales du tragique incendie de 2019. Paris est en effervescence, entraînant dans son sillage intellectuels et universitaires, pris dans un tourbillon de publications.
Parmi les derniers ouvrages parus sur le sujet,deux se distinguent par leur originalité et leur ton décalé : Nos Lieux communs et Pour en finir avec le petit Paris. Il ne s’agit toutefois pas ici d’en proposer une présentation exhaustive, mais plutôt d’arpenter les coulisses du nouveau Paris à travers celles du travail d’écriture de ces deux ouvrages collectifs. Partant des lieux emblématiques de la vie des Parisiens et des Parisiennes, cette conférence à deux voix tente d’inscrire dans les macrostructures d’une capitale en pleine transformation l’entrelacs discret des vies et des spatialités ordinaires de lieux en voie de disparition ou de recréation.

Fabrice Argounès, Michel Bussi, Martine Drozdz (dir.), Nos Lieux communs. Une géographie du monde contemporain (Paris, Fayard, 2024)

Daniel Behar, Emmanuel Bellanger, Dominique Bourg, Marco Cremaschi, Martine Drozdz, Collectif, Pour en finir avec le petit (Paris, ArchiCity, 2025)
Paris au XXIᵉ siècle. Écrire les géographies de la capitale française
La conférence propose de présenter deux ouvrages qui retracent les transformations contemporaines de Paris. Recueil de chroniques géographiques, Nos Lieux communs. Une géographie du monde contemporain s’inscrit dans le double héritage des écrits de Roland Barthes et de Georges Perec pour raconter les géographies contemporaines des Français et des Françaises. Atlas d’un genre original, il offre aussi un parcours à travers quelques lieux emblématiques de l’histoire de Paris, tels que le périphérique ou la Zone, devenus des lieux de transformation de la capitale. Dans le prolongement de cette présentation, Elsa Martayan, géographe-urbaniste, co-directrice de l’ouvrage Pour en finir avec le Petit Paris, auquel ont contribué Martine Drozdz et Raphaël Languillon-Aussel, évoquera les lieux emblématiques des évolutions de la capitale parisienne au cours des vingt-cinq dernières années, ainsi que les contours de sa nouvelle géographie.
Martine Drozdz est chercheuse au CNRS, à la Maison française d’Oxford, et enseigne à l’École urbaine de Sciences Po. Géographe, elle explore les formes et les imaginaires des métropoles, et s’intéresse aux écritures contemporaines qui font le récit des nouvelles modernités urbaines.
Les nouvelles géographies parisiennes
Paris, comme toutes les grandes agglomérations de rang mondial, est confrontée à des dynamiques métropolitaines caractérisées par une attractivité toujours plus forte et des inégalités sociales persistantes, dans un contexte marqué par les enjeux climatiques et environnementaux. Au-delà de ces points communs, une singularité : Paris est une ville de petite taille (105 km2, 2 millions d’habitants), au centre d’une métropole de 7 millions d’habitants. Elle présente des spécificités historiques, morphologiques, patrimoniales, administratives qui s’imposent aux choix de développement urbain et aux transformations qu’ils engendrent. Ces choix, parfois concertés, parfois imposés par les décideurs politiques, sont encadrés par des documents stratégiques et réglementaires. Trois éclairages permettront d’illustrer les nouvelles géographies parisiennes :
- Le nouvel urbanisme à travers deux opérations d’aménagement public : Clichy Batignolles (17e arrondissement), et Paris Rive Gauche (13e arrondissement), toutes deux situées sur d’anciennes friches logistiques et ferroviaires relativement excentrées par rapport à la ville historique ;
- L’évolution de la ville sur elle-même à travers les mutations de l’hyper centre de Paris, nouvelle vitrine de l’art et de l’économie du luxe (Halle aux Grains- collection Pinault, Fondation Cartier, La Samaritaine- LVMH) ;
- Le Grand Paris : bien que l’échelon institutionnel ait été créé en 2016 avec des compétences limitées en matière d’aménagement et de correction des inégalités, c’est le nouveau réseau de métro circulaire qui va permettre d’inscrire la réalité métropolitaine dans la vie des habitants et des usagers de la métropole.
Elsa Martayan est géographe et titulaire d’un DESS d’urbanisme et d’aménagement. Elle a effectué la plus grande partie de sa carrière à l’Atelier parisien d’urbanisme puis à la Ville de Paris, où elle a piloté le dispositif de concertation dans le cadre de la révision du Plan local d’urbanisme, avant de conduire au sein de la Mission Grand Paris la coopération avec les collectivités de la métropole.
À l’issue du premier sommet « Cities for air » organisé en 2016 à Paris, elle a été chargée de la préfiguration de l’Observatoire mondial des villes pour la qualité de l’air (GUAPO) – observatoire consacré à la lutte contre la pollution de l’air et destiné à faciliter le partage de connaissances et la coopération entre les métropoles –, dont elle a assuré la direction de 2017 à 2019. Elle a enseigné, entre autres, à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à l’American University of Paris, et a écrit de nombreux articles pour des revues spécialisées (Urbanisme, Annales de la recherche urbaine, etc.).
Modérateur : Raphaël LANGUILLON (IFRJ-MFJ)
Organisation : IFRJ-MFJ