mar.
27
janv.
2026

Hiraizumi (département d’Iwate) est la première « ville de pouvoir politique » de l’archipel à avoir émergé indépendamment du pouvoir central. Elle a été établie entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle par Fujiwara no Kiyohira (1056-1128), un simple « habitant de Mutsu », selon les mots de Fujiwara no Moromichi. La ville croît jusqu’à connaitre son apogée dans la seconde moitié du XIIe siècle. Elle était organisée autour d’un tachi (manoir) d’où régnaient les Ōshū Fujiwara et comprenait plusieurs résidences, jardins et temples prenant pour modèle ceux de Heian, ainsi qu’un mausolée recouvert d’or et divers aménagements urbains. Le lignage fournissait à la Cour de l’or, des tissus, des chevaux, etc., au point que celle-ci est progressivement contrainte d’en reconnaître l’importance et nomme Hidehira, petit fils de Kiyohira et troisième seigneur de Hiraizumi, chinjufu shōgun et gouverneur de la province de Mutsu. Par l’attribution de ces titres, qui étaient normalement réservés à des envoyés de Heian, la Cour entérinait le contrôle du Tōhoku par les Ōshū Fujiwara.

Depuis les années 1950, plusieurs centaines d’opérations de fouilles archéologiques ont été menée sur les différents sites qui constituaient Hiraizumi. Elles ont permis de mieux comprendre son plan, son évolution et son rôle dans le développement des échanges dans l’archipel à partir du milieu du XIIe siècle. En parallèle, les vestiges mis au jours dans tout le Tōhoku éclairent peu à peu à la fois les différentes stratégies mises en place par les Ōshū Fujiwara pour s’assurer le contrôle du territoire et, plus généralement, l’histoire d’une région qui n’apparait dans les textes qu’au travers de nomenclatures de fonctionnaires, de mentions de cadeaux, de tributs et d’impôts perçus par la Cour, ou encore de récits de batailles plus ou moins romancés. L’historien Irumada Nobuo soulignait que s’écrivait ainsi, dans cette région périphérique du nord, l’histoire d’un autre Japon médiéval, différente de celle centrée sur Kyoto et Kamakura. Il appelait à construire une histoire qui engloberait le centre et les marges de l’archipel. C’est ce que nous chercherons à faire dans notre intervention en analysant la place particulière qu’occupe le Hiraizumi no tachi dans le développement des résidences seigneuriales au XIIe siècle pour comprendre l’émergence de Hiraizumi en tant que capitale.

Sania Carbone (Inalco-IFRAE, univ. Keiō)

Sania Carbone, titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université Paris Sorbonne ainsi que d’une licence LLCER de japonais à l’Inalco, a obtenu en 2020 un master en sciences humaines à l’université métropolitaine de Tokyo et, en 2021, un master d’études japonaises à l’Inalco. Depuis, au sein de l’école doctorale no 265 et de l’IFRAE, elle poursuit ses recherches sur l’urbanisation au Japon à l’époque médiévale à travers l’étude du site archéologique de Hiraizumi. Elle est actuellement accueillie à l’université Keiō dans le cadre du programme doctoral MEXT.

Modérateurs : Mélanie HOURS (IFRJ-MFJ), Adrien BOYETTE (univ. des Sciences de Tokyo), Paul SAUVAIRE-BROCHOT (Inalco, IFRAE)

Orgaisation : IFRJ-MFJ

* L'accès aux manifestations de l'IFRJ-MFJ est gratuit (sauf mention contraire), mais l'inscription préalable est obligatoire.

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