Séminaire de méthodologie de la MFJ
13 mars 2007

« L'étude d'objets matériels en anthropologie religieuse — buts et contraintes — »

Florence LAHOURNAT
INALCO / Université de Tsukuba

Résumé

Étudier le mode de représentation de la divinité implique de manipuler un corpus important d'objets, souvent caractérisé par sa diversité et la difficulté à se soumettre aisément à une démarche classificatoire. Le paysage magico-religieux japonais ne fait pas exception. L'objet rituel, en particulier celui qui permet l'accueil de la divinité (shintai, yorishiro), y apparaît versatile, dissimulé notamment derrière sa multifonctionnalité.

Il serait sans doute naïf d'envisager que l'objet, et tout particulièrement l'objet rituel, puisse se détacher complètement de son cadre d'utilisation, néanmoins, nombre d'études donnent l'impression que l'objet en lui-même ne fait pas sens. Masqué par une description ou une analyse de la pratique, le cas échéant du rituel par exemple, l'objet finit par perdre son essence en faveur d'une unité de sens plus vaste. Or, l'objet lui-même, aussi insignifiant ou peu remarquable qu'il puisse paraître au premier abord, est une des conditions de l'événement plus large dans lequel il s'inscrit. Il le caractérise et lui apporte un sens dont il serait vraisemblablement dépourvu sans lui. Si l'étude de la pratique ouvre les portes de la compréhension d'une « méthode » rituelle, l'objet central de cette pratique n'est-il pas en premier lieu celui qui offre les clefs de l'essence même de l'événement ?

Comment, donc, placer l'objet matériel au centre d'un projet de recherche anthropologique, sans confiner au simple catalogue ? Une telle démarche est-elle nécessaire et, si oui, quelles difficultés viennent la ponctuer ? Le but du présent exposé sera de tenter de dégager différentes pistes pour la résolution de ces questions.