Maison Franco-japonaise: 日仏会館 Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise (Umifre 19, MEAE-CNRS)

Langue:JA / FR


Présentation

Jean-Michel BUTEL

Japonisant, ethnologue, maître de conférences depuis 2005 à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Paris), chargé de cours à l'Université de Genève

Contact
•    butel [ @mfj.gr.jp]

Affiliations
•    UMIFRE 19 - Institut français de recherche sur le Japon, Maison franco-japonaise (Tôkyô), septembre 2013.
•    Centre d'études japonaises, Inalco (Paris).

Profil :
•    Porteur du projet de recherche Populations japonaises
•    Secrétaire de rédaction de la revue Cipango - Cahiers d'études japonaises (2009-2013)

Domaines de recherche :
• Ethnologie du Japon contemporain 

• Histoire de l'ethnologie et des études folkloriques (XIXe-XXe s.) 

• Anthropologie du sentiment amoureux, du couple et de la famille 

• Croyances populaires

Projet de recherche actuel
Le projet que je mène actuellement cherche à considérer la population japonaise dans sa diversité. Il se situe en ce sens en rupture avec le paradigme communément utilisé durant toute la seconde moitié du XXe siècle par les sciences sociales quand elles décrivaient le Japon, et qui postulait - présupposé plus ou moins conscient ou argument revendiqué pour expliquer une certaine réussite - l'homogénéité japonaise, aussi bien en terme ethnique, social, culturel, qu'économique.

Ce projet a pour originalité de vouloir discuter ce paradigme à la fois en produisant des analyses démographiques et sociologiques qui attestent de la diversité actuelle, et en interrogeant l'histoire des sciences sociales et la façon qu'elles ont eu de constituer une « population » japonaise. Il comporte ainsi deux volets. Le premier (« Populations japonaises : Diversité et évolutions contemporaines ») se veut descriptif et prospectif : il s'agit de récolter des données portant sur les évolutions récentes de la population japonaise, de présenter celles-ci de façon synthétique, de proposer des interprétations susceptibles d'intéresser bien au delà des études japonaises. Le second (« Populations japonaises : Construction et gestion scientifique ») relève de l'histoire des sciences, des concepts et des outils scientifiques : analysant la mise en place et les évolutions de l'ethnologie du Japon, il veut mettre en lumière le traitement de la diversité - ethnique, sociale, culturelle - par les scientifiques chargés d'expliciter l'identité japonaise. L'un et l'autre questionnent donc ce discours sur l'homogénéité de la nation japonaise si prégnant dans l'après-guerre et se feront l'écho des interrogations que suscite, chez les politiques comme chez les scientifiques, une conscience toujours plus accrue depuis la seconde moitié des années 1980 de la diversité de la population japonaise. L'un et l'autre s'appuient sur une expérience du travail d'enquête ethnologique au Japon mené depuis 2007 sur la petite île de Hachijô-jima. L'un et l'autre veulent permettre une description plus précise des mouvements les plus contemporains : par une meilleure connaissance et une analyse renouvelée des données récoltées en grande partie par des scientifiques japonais ; par une plus grande attention portée aux instruments (conceptuels, techniques, institutionnels) qui ont contribué à la production de ces données.

Il est certes commun en sciences sociales de s'interroger sur ses outils et de qualifier les positions des recherches précédentes. La particularité de mon travail tient à ce que l'un et l'autre de ces volets ont été pensés collectivement, au sein d'équipes pluridisciplinaires distinctes. Je me situe donc à un carrefour de différents savoirs et de différentes expertises. L'hypothèse que je fais est celle d'un décalage significatif entre contexte social et discours scientifique : la construction politique et scientifique d'une homogénéité nécessaire à l'établissement d'un Etat-nation efficace s'est faite, à partir de 1870, au moment même où s'établissait un constat de la diversité de la population japonaise qui surprenait toutes les élites ; l'homogénéisation sociale des années d'après-guerre, finalement assez unique dans le monde, ne serait-ce que par sa rapidité, a fait naître la nécessité de penser le pluriel. L'établissement de ces deux paradigmes successifs montre un paradoxe, ou tout au moins un décalage, entre réalités sociologiques et préhension de ces réalités par les sciences sociales. Or on aurait trop vite fait d'expliquer ce hiatus comme l'effet de la soumission des sciences au politique. Il me semble qu'il interroge plus précisément sur les liens entre une configuration sociale qu'il s'agit de décrire et la construction de nos outils réflexifs. Il appelle alors à une réflexion se donnant le moyen de cerner avec une même attention la réalité sociale et la construction scientifique, tout comme j'essaierai de le faire. En ce sens, l'analyse de la multiplication des modèles sociaux actuels, de la précarisation grandissante et des réactions qu'elle suscite interrogera également nos pratiques et nos problématiques scientifiques actuelles. Elle prépare l'invention de nouveaux objets.


Liste des publications


Sites complémentaires

Enseignements et ethnologie
Informations académiques et articles à télécharger





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