Séminaire de méthodologie de la MFJ
24 novembre 2006

L'agriculture durant la période Jômon, du IVe au IIe millénaire de notre ère :
entre Néolithique et Mésolithique

Laurent Nespoulous

Résumé

Il est généralement admis que la protohistoire de l’archipel japonais s’étend grosso modo du Ve siècle avant notre ère, jusqu’à l’apparition de l’État Antique au tout début du VIIe siècle. C’est-à-dire qu’en un peu plus de mille ans, au travers des périodes Yayoi (Ve siècle avant-IIIe siècle après notre ère) et Kofun (deuxième moitié du IIIe-fin du VIe siècle), l’archipel japonais connaît l’apparition de sociétés agraires (riziculture inondée, agriculture en champ), sociétés davantage sédentaires que celles de la période précédente du Jômon (IXe millénaire – VIe siècle avant notre ère). La période Jômon, de par le vaste intervalle chronologique qui lui correspond, est plus difficile à définir que l’intervalle « protohistorique » au sens strict de l’archipel. D’un paléolithique à un mésolithique original connaissant la culture de plantes domestiquées ou encore sauvage, voire même, pour certains chercheurs, un néolithique, les avis divergent.

Le programme de notre recherche de doctorat vise à dépasser les clivages classiques des périodes Jômon, Yayoi et Kofun, essentiellement basés sur des considérations typologiques, et de reformuler l’histoire de la fin de la préhistoire japonaise (et son articulation constante avec le continent), de l’apparition des premières cultures végétales durant le Jômon jusqu’à la formation des sociétés socialement et politiquement très complexes de la période Kofun. Il s’agit donc de repenser les critères du découpage classiques, de manière à leur donner un sens historique plus « évident ». Ces critères se veulent correspondre à des « trajectoires historiques », lesquelles caractériseraient la nature même de l’activité de sociétés. Notre exposé dans le cadre du séminaire portera sur la toute première partie de notre thèse, plus particulièrement sur le délicat problème de la nature de l’activité de culture que pratiquaient les sociétés du Jômon. Au travers de certains outils méthodologiques, nous présenterons ce qu’il nous a été possible de théoriser quant à la nature même de la période Jômon et son rapport très particulier aux plantes domestiquées.